Lors de multiples sorties dans Paris et principalement dans le quartier de la Défense (où j’habite) j’ai pu observer le comportement des individus, quels qu’ils soient. Du touriste à l’homme d’affaire, tous les jours, les mêmes scènes sont rejouées, surtout en semaine lors de l’entrée et de la sortie des bureaux. Les gens marchent presque en file. Malgré le nombre de personnes, il m’est arrivé de croiser les mêmes individus à peu près aux mêmes endroits et pour ainsi dire à la même heure, perdus dans leurs téléphones portables, cherchant désespérément à éviter le regard de l’autre.
Le quartier de la Défense est à l’image de ces itinéraires quotidiens. Dans mes images, j’ai décidé d’intégrer les personnages dans cet univers graphique et pesant. Dans un fourmillement infernal, faire de longues poses a permis de gommer les individus, comme s’ils s’évaporaient lentement, sans laisser de traces. L’utilisation du noir et blanc glace cet univers. Paradoxalement, les personnages de certaines images fuient à la frontière de cette réalité étouffante, en n’apparaissant plus que dans leurs propres reflets, comme s’ils s’évadaient dans leurs pensées.
Dans ce travail, je raconte un morceau de la vie quotidienne, à la manière d’une petite pièce de théâtre, en la sur-jouant quelque peu. Dans cette série anonyme voire oppressante, tout le monde peut, au final, se reconnaître.